Alarme résonne, extirpe brutalement d’un sommeil sans rêves.  Yeux s’ouvrent vivement, trop vivement alors que l’homme se redresse d’un bond, porte une main à son crâne alors qu’il grogne. Que quelqu’un aille éteindre cette merde. Germain ne reconnaît pas l’endroit, plisse les yeux. Calme difficilement conservé ; on relève un peu les lunettes sur son nez, on cherche son double et on s’agite déjà. Frustration sur la face quand on ne parvient à pas à le retrouver. Y a du monde autour, beaucoup trop de monde, ça colle pas, il manque des éléments et tout ça, ça plaît pas à Perets. Pas du tout. Enfin le brouhaha cesse, enfin on parvient à s’entendre penser. Perets il se relève, il regarde ceux autour, ceux qui sortent, ceux qui ont le regard hagard et ceux qui paniquent. Ceux qui savent, ceux qui pensent savoir. Il jauge, juge, resserre le nœud de sa cravate.

Et quand un abruti passe trop proche de lui, il attrape son bras, poigne presque douloureuse pour l’autre quand il le force à rester là, à le regarder. « Was passiert hier ? » Allemand roule, strict et sévère, presque agressif. L’autre fait peine à voir, ne semble pas comprendre, il le relâche sèchement. « Schwach. » Murmure agacé, hautain, il roule des yeux. Longue inspiration est prise. Il faut rester calme. Il faut retrouver Zerah. Il faut se tirer de là.

Alors on se dirige vers la sortie, bousculant sans ménagement ceux qui jugeraient bon de se mettre entre lui et son frère.

Réveil en sursaut, elle passe de la position allongée sur le dos - bouche ouverte - à deux doigts du filet de bave à debout en trois secondes avant de retomber comme une merde, sur le sol cette fois-ci, parce qu'entre le mouvement trop rapide pour un réveil et l'alarme, bah ça fait trop tanguer pour tenir droit. Elle se relève en grommelant. Elle a mal au crâne, ses souvenirs sont brumeux, elle veut une clope. Elle tâtonne autour d'elle pour chercher sa table de chevet où son paquet de marlboro l'attend sagement. Spoiler : il n'y a ni cigarette, ni table de chevet, ni la petite lampe bleue achetée à Ikea. Hein ?

Elle se sent très réveillée d'un coup, alerte du moins parce qu'elle se demande si elle n'est pas tout bonnement dans un cauchemar. Les rêves chelous, elle connaît. Ok, pas paniquer alors, juste trouver un moyen de se réveiller. Genre en mourant. Ou en se prenant un coup. Comme le gars qui se fait tabasser par un autre gars qui parle une langue bizarre. Peut-être de l'hollandais... Bon. Elle se lève, époussette sa tenue, fronce les sourcils. Un kimono ? Sérieux ? Mais dans quel genre de rêve cliché elle se trouve ? A vue de nez, elle est une des seules asiatiques alors ça frôle le racisme d'être la seule en tenue traditionnelle. En plus, c'est même pas son kimono préféré, la couleur ne lui va pas au teint. Vivement que le rêve s'arrête, go se faire péter la gueule pour cela. L'homme énervé est à deux doigts de s'enfuir, elle se précipite vers lui, l'interpelle en japonais. Elle est à deux doigts de lui demander gentiment de lui filer une droite pour qu'elle se réveille sauf que pas sûr qu'il jacte japonais. Alors c'est elle qui lui tape dessus.

Spoiler:

"Tiens, ils ont encore changé l'alarme" se dit Eli en étant brusquement extirpé de son cauchemar habituel par le bruit puissant d'une alarme.
Eli se tourne une première fois à gauche, puis à droite, essayant de trouver une position un minimum agréable. "Ces matelas sont vraiment de pire en pire" crache-t-il sèchement. C'est seulement une fois l'alarme coupée qu'Eli ouvre les yeux pour découvrir qu'il n'est plus dans le clapier qui lui servait de prison ces cinq derniers mois.
Il se trouve dans une pièce d'apparence très simple, plusieurs lits alignés façon dortoir ou hôpital, tout semble dans un état pitoyable. Son instinct de survie s'active directement, il lui manque bien trop d'informations pour comprendre où il est, il ne se souvient pas d'avoir été déplacé.
Son premier réflexe est de scruter les personnes qui l'entoure, histoire de voir où il a les pieds et s'il voit un certain "pattern de sélection", un point commun avec les autres personnes présentes. Femme, homme, tous adultes. Il ne parvient pas à faire de liens préliminaire entre toutes ces personnes, elles sont justes toutes dans la même pièce, chacune avec un lit assigné et un sac d'effets personnels au pied.
Il voit certains sortir une baguette du sac, il fait donc de même. Peu importe la raison pour laquelle il s'est retrouvé ici, les responsables du lieu n'auraient jamais dû lui laisser une baguette. Il reprend son observation, certains semblent complètement perdus, d'autres paniqué.
Puis il y a les gens comme Eli, ceux qui garde leur calme, qui analyse et réfléchisse la situation. Il remarque particulièrement un homme, pas spécialement grand et plutôt bien foutu, si il l'avait croisé dans un autre contexte il l'aurait surement approché pour un coup d'un soir. (bien que la beauté soit subjective, Eli en est très vite arrivé à la conclusion que la majorité des gens présents ici rentre dans les standards de beauté)
Il l'entend parler allemand, du moins il pense que c'est de l'Allemand.
Ce qui le distingue particulièrement c'est son regard, cet homme sait ce qu'il veut. Après un tour de pièce, il semble directement se diriger vers la sortie comme s'il cherchait quelque chose ou quelqu'un. En tout cas il paraît savoir où il va, Eli prend donc la décision de le suivre. En s'approchant de lui, une autre personne doit avoir eu la même idée que lui, une jeune femme, type asiatique, moins de trente ans, ses motivations semblent différentes.
Eli choisis donc de s'approcher et d'observer comment l'homme accueillera la femme.

Ok, elle a mal et ne se réveille pas. Quelle idée d'avoir visé le mur plutôt que le gars aussi. Acte manqué ? Manque total de skill ? Vision défaillante ? Connerie pure ? Nul ne le saura. Yume sourit - pub de dentifrice incarnée en femme - semble se désintéressée de sa main blessée contrairement à une inconnue qui s'empresse de s'enquérir de son état. La japonaise tique : la rouqine n'a pas vraiment la gueule à jacter sa langue mais soit... "Je me suis fait mal." La preuve, elle n'a que quatre doigts qu'elle agite sur cette main là. "Je voulais m'assurer que je ne'étais pas en train de dormir. Vous connaissez l'histoire du papillon qui rêvait qu'il était Zhuangzi ? Ou bien c'était Zhuangzi qui rêvait qu'il était papillon. J'ai un doute, j'avoue que..." Ah, l'hollandais reprend la parole, crache une phrase à la rouquine, dans le doute Yume hoche la tête.

Et voilà que l'autre se radine, lève la main vers elle. Elle croit qu'il va la taper pendant quelques instants. Ce serait con, maintenant qu'elle sait qu'elle n'est pas dans un rêve, elle est moyen chaude pour se faire défigurer. Mais non, il se contente de causer en se permettant de lui tapoter la joue - ils n'ont pas élever les croups ensemble pourtant - et ne balançant que des banalités. Elle sait bien que ce n'est pas si grave de passer pour une conne en tapant un mur d'une pièce inconnue - d'ailleurs, ils sont où ? que se passe-t-il ? vrai que ça commence à l'inquiéter - puis elle ne voit pas trop ce qu'il veut lui apprendre. L'hollandais peut-être ? Elle sourit de nouveau.

Il faut parler anglais maintenant. Chose que l'inconnue semble faire à la perfection alors que l'homme a un accent bizarre. Même Yume l'entend mais faut dire que le sien ne vaut pas mieux. Débat sur leur présence, pas pour les vacances. Ô combien étonnant, elle s'en souviendrait si elle avait réservé un lit dans un misérable dortoir, elle a des standings après tout. Le type propose de sortir, ça semble logique, les lits ne semblent pas suffisamment confortables pour retourner pioncer tranquillou. D'ailleurs, quelle heure est-il ? Joker. "Allons-y alors..." dit-elle en s'écartant de la porte, laissant l'honneur de passer en premier à tout le monde sauf elle. Par politesse bien entendu.

japonais - anglais