L’intérieur fané chasse les coins de ciel bleu dans le souvenir mirettes à peine ouvertes, un temps de décalage, un souffle avant que l’alarme ne vienne percer le crâne. Aiguille de gel qui malmène les tympans et puis ça tonne, résonne, ça se cogne partout dans la tête pour ne jamais cesser. L’allemand il se redresse de son mieux avec un hoquet, cherche à tâtons les verres qui sont déjà sur son nez. Il bat des cils, balaie la pièce entre ses paupières plissées, à travers un brouillard que sa correction refuse d’atténuer. Pas plus d’un regard pour toutes les silhouettes qui sur le coup n’évoquent rien, rien de celle qu’il cherche surtout. Pas de figure jumelle à sa vue. La mâchoire se serre avec les poings, il s’assied sur le matelas de papier et la tête est si lourde, malmenée par la sonnerie qui a tout fracassé à l’intérieur, hurlement fantôme dont la trace noie les idées.

Grognement retrousse les lippes, presque inaudible, grondement douleur étouffé. Malgré elles, malgré lui les mains trouvent les oreilles et viennent s’y plaquer comme le dos, l’arrière du crâne contre le mur frais. Et l’azur coule une nouvelle fois sur les infortunés qui s’éveillent, œillade gel entre les cils charbon qui menace d’approcher, de toiser, d’interroger le supplicié en costume un brin froissé. Pâleur de marbre peint les traits et pourtant le regard, le menton restés altiers démentent la misère dedans. Les pensées sont des nuages volatils et vides de sens qui peinent à s’interroger, comprendre, s’inquiéter. Conscience vague qu’il faut retrouver son reflet, sortir d’ici sûrement, certitude qu’il en est incapable qu’il faudrait juste que tout ça cesse.

Des yeux qui s'ouvre brusquement, une lumière qui attaque la rétine au même titre, qu'une son puissant qui lui arrache les tympans. Se réveillant brusquement, bien trop, ne manquant pas de tomber et de s'étaler de tout son long sur le sol bien trop froid. La douleur le prend à l'abdomen, son propre poids l'écrasant et la tête chamboulée. Se redressant difficilement, s’appuyant sur ce qui s’apparenta alors à être une couchette, Fernand se relève lentement, posant son dos à même le lit trop dur et refermant les yeux quelques instant espérant la fin de ce son désagréable.

Après quelques secondes, son vœu s’exauça et le son disparue. C'est alors, qu'il entendit d'autres bruits, des respirations, des mouvements et quelques râles, il n'était alors pas seul. Se redressant brusquement, scrutant la pièce avec un regard encore flou, des silhouettes se dessinèrent alors face à lui. ''Hey, vous êtes qui ? Et on est où ?'' Lâcha alors le frenchie dans sa langue maternel. Cherchant à se redressait, crochant dans un sac non loin de là, un bruit de chute, son regard se posa alors sur le sol, là où une baguette semblant hors d'usage, roulait encore sur quelques centimètres.

L’alarme s’éteint rapidement pourtant dans son crâne elle met mille ans à s’épuiser, longues minutes du moins avant qu’il ne laisse retomber ses mains, concentre enfin un œil noir sur son entourage. Ne ressemble à rien, personne qu’il connaisse et les paupières se plissent furieuses, il profitait du soleil avec son double c’est certain, décor parfait remplacé par un édifice qui n’a rien pour lui plaire. Il faut sortir de là pour comprendre où il est, s’assurer que son reflet traîne dans le coin et rentrer. Il s’y prépare quand la voix tonne tout près, première qu’il entende vraiment dans le brouhaha, venant d'un type qui vient de se ramasser. La langue pique les oreilles et s’il ne sait pas comprendre le sens il est certain que c’est français, alors s’y met à son tour. « Du. La baguette. » D’un ton sec il l’apostrophe, y passant toute l’étendue de son vocabulaire molière ou presque. Manquent sa mère la pute et Général de Gaule pour compléter parfaitement ses connaissances.

Les sourcils se froncent comme il cherche d’autres mots, renonce en quelques secondes pour reprendre son germain tranchant. « Wir müssen hier weg. » Déclaration sans appel et déjà il se relève, le visage assuré tandis que d’une main il s’appuie au mur près de lui. La plupart de ceux qui ont retrouvé leurs moyens étaient aussi parvenus à cette conclusion, passant la porte sans hésitation mais l’allemand s’en sent difficilement capable, préfère traîner prétextant attendre, s’organiser avec son voisin.

Une réponse étrangement, déroutante même, émanant d'un homme à l'accent lointain. Le Français ne comprit pas aux premiers abords, s'il parlait là, de cette baguette roulant au sol, ou d'un simplement d'un vulgaire stéréotype. Saisissant tout de même le morceau de bois par pure cupidité et potentiel moyen de défense, Fernand entendit alors les mots germaniques émanant de la bouche de cette énergumène.

De ses connaissances en langue de Goethe, celui-ci semblait vouloir sortir, chose qu'il mit un temps à faire, au même titre que le frenchi qui constatait alors l'afflux de certaines personnes vers ce qui semblait l'être l'entré de la pièce.

''Bist du deutsch ? '' Lança-t-il en fixant l'autre homme dans la pièce avec un accent pour le moins concluant. ''Weißt du, wo wir sind, mein Freund? ? '' Poursuivit-il alors en se scrutant la pièce malgré son esprit encore un peu perturbé.

HRP: N'hésitez pas à me redire si mon Allemand est pas bon, j'en ai fait y'a longtemps, mais là c'est surtout internet qui m'aide. ^^

Battement de cils. Un, deux, Zerah fixe le français certain qu'il n'est pas de ceux qui ont toutes les frites dans le même sachet. Il y a ses lettres qu'il écorche de sa langue incapable, accent tranche les consonnes adorées et la question qui arrache ricanement douleur. Attention sur ses inepties pour oublier le fer incandescent qui vrille le crâne. « Uh, nein, Arschloch. » Ça tonne agacé, pas besoin d'être bien malin pour comprendre qu'il ne sait rien. Jon snow/20. Visage crayeux se fait moins sévère, tête secoue d'un rien comme pour adoucir l'insulte currywurst. Déjà une main se pose en haut du dos de l'amateur de grenouilles, impulsion vive mais pas tout à fait brutale pour le pousser vers l'extérieur. Germain emboîte le pas.

Soleil s'invite, ça brûle aussi fort que les lames qui transpercent le crâne, les doigts se lèvent pour protéger les yeux et les paupières se plissent à l'extrême. Plus qu'une mince fente glacier qui glisse sur la place, visions floues malgré les verres sur son nez, l'allemand il est trop désorienté pour percuter grand chose, autre chose que sa main vissée à l'encadrement de porte, le sol qui manque de se dérober sous ses pieds. Ça s'agite et ça braille et rien de ce qu'il entend d'ici ne s'approche du son de sa voix. Il faudrait s'éloigner, véritablement chercher mais rien dans son corps ne répond tout à fait comme il faudrait alors le regard glisse vers baguette et béret.