Exploration énième session. Pour fixer les lieux dans sa mémoire, Yume parcourt l’île de long en large depuis le jour où elle y a atterri. Ses chaussures en pâtissent un peu, comme le bas de son kimono. Mais la japonaise s’en fiche, elle ne l’aime pas ce vêtement là, ça lui apporte même de la satisfaction de le voir se déchirer et même pas elle daigne prendre sa baguette pour y remédier : ça la décoifferait vu qu’elle lui sert de pic à chignon.

Là, elle longe le port. Elle aime bien le coin, c’est tranquille, un peu fantomatique mais moins poussiéreux que le reste car l’océan et les embruns s’occupent de noyer les acariens. Les pontons n’accrochent aucun bateau, seuls quelques longueurs de boutes à moitié bouffées par le sel restent. Inutilisable. La japonaise sifflote un air, zigzague entre les bittes d’amarrage, lève les yeux aux nuages. Une bourrasque de vent vient mettre le désordre dans ses cheveux, elle frissonne un peu. Il fait toujours plus froid à proximité de l’eau.

Un goéland décolle d’un coup dans un cri strident. Yume sursaute, se prend les pieds dans un reste d’écoute, la corde casse, elle part en avant, trébuche sur une bitte. Tête là première dans l’eau glacée, souffle coupé, glouglouglou.