La cuisine était silencieuse, et chaque pas de l'italien résonnait contre les murs vides. Il était venu ici à la recherche de quelque chose. De quelque chose de sucré.

Geppino ne souffrait pas du manque de cigarette, ni du manque d'alcool. Mais son regard enfantin cherchait dans les recoins de la salle à la recherche de quelques sucreries. Son jean retroussé laissait entrevoir des chevilles recouvertes de collants résilles, sa chemise rose était déjà tâchée de boue. Il n'avait pas fière allure, il medico, mais son regard lointain montrait qu'il se fichait bien des commentaires. Il naviguait entre les murmures.

Quelques uns avaient déjà tentés de lui voler sa chemise, mais il lui avait échappé en se faufilant comme une anguille dans l'obscurité des recoins de la prison. C'est ce qu'il faisait, mais il était bien conscient que la réclusion en compagnie des autres allait lui être difficile. Il se sentait fragile. Il avait laissé échapper qu'il était médecin. Il était suffisamment malin pour voir en son métier sa planche de salut.

Il fouina dans une armoire. Il avait une brusque envie de grenadine.
Déçu dans ses recherches, il tira à lui un verre tâché de calcaire, et ouvrit le robinet. C'était les verres de cantines, petits et résistants, avec un chiffre marqué au fond (il regarda par habitude, comme les enfants, et constata qu'il avait "7 ans"). Buvant à pleines gorgées deux verres froids, il grimaça.

Il n'aimait pas l'eau sans sirop.