Jour cinq, matinée.

Quelques minutes déjà. Silhouette déesse traverse la place que l’allemand dévisage, bras croisés adossé au bâtiment qui dut être des officiers. Glace coule sur la crinière ébène, les traits irréels, frôle la bouche pulpeuse et le menton délicat. Vision fantasme efface un peu les cauchemars de la nuit, les cris inarticulés devant les horreurs qu’il ne sait formuler. Exclamation quitte les lèvres du germain à l’approche de l’aphrodite, l’interpelle sans trop écorcher le prénom. « Valentina ! » Plusieurs jours qu’il l’a remarquée, du coin de l’oeil reluquée en silence, sans approcher pour le moment. Trop tôt c’était paraître trop faible.

Plusieurs jours c’est assez, maintenant il fait quelques pas pour la rejoindre, une main dans la poche de son costume sombre et l’autre vient saisir le poignet de la belle. Valentina, Valentina, la seule peut-être qui ne lasse pas après la première nuit, beauté suffisamment fantastique pour oublier la vilennie, la fourberie en dedans. Qu’elle dissimule bien, mieux que  la plupart des femmes de son espèce, il pourrait presque l’ignorer à la regarder.

Les doigts serrent fort sur sa peau contact de soie, le visage est dur comme il l’entraîne, sans s’encombrer de son avis, sans s’embêter à être poli. Femme n’a pas voix au chapitre, ne sait pas, ne doit pas prendre de décision. Il l’emmène vers l’intérieur du bâtiment abandonné, claque la porte derrière eux avant d’enfin la relâcher.