Ses pas l'emmènent. Ses doigts se resserrent autour de cette sangle dont elle ne sait que faire. Le mystère dont le sac est empli doit demeurer entier. Pour eux tous. Gens qu'elle ne connaît pas et dont elle ne désire rien connaître. Elle sait une chose néanmoins. Cette chance ne doit pas être gaspillée. Et si les gens d'ici la connaissent autant qu'elle les connaît, alors elle possède une chance non négligeable d'anonymat, qu'elle compte bien saisir au vol. Pour ce faire, elle ne peut négliger aucun détail et s'empresse de quitter le baraquement sinistre auquel elle a été assignée. Hors de question pour elle de laisser les faits se faire. Elle préfère les attraper par les cornes et s'enfoncer d'un pas vif dans ce camp survolté par la situation. Sa tête crie sa douleur, son ventre exprime sa famine, mais elle préfère les ignorer pour enfin s'enfoncer dans une forêt non loin. Plusieurs minutes se transforment en heures, pendant lesquelles elle se perd et se retrouve. Savourant l'air contre ses joues. Les odeurs dans ses narines. Et tout autant ces détails, que l'on vient oublier au fil du temps. Et après un temps indéfini et dont elle n'a pas même conscience, elle s'assoit enfin au pied d'un arbre, pour ouvrir le sac qu'elle a trimballé jusque là. Sans douceur elle en renverse le contenu sur le sol. Perplexe, elle attrape la baguette inconnue, comme pour la tester, mais se contente de la fourrer dans sa poche. Ce n'est pas ce qu'il l'intéresse. Ses doigts parcourent lentement ce qui reste sur le sol et ses yeux sont incapables de le quitter. C'est une étrange sensation qui la prend, mais elle pousse un cri. De rage probablement, avant de se mettre à creuser frénétiquement. Un bruit perturbe pourtant sa quête et elle lève les yeux, non sans chercher à apercevoir quelqu'un. Ses yeux lui font défaut et elle se lance dans l'idiotie la plus commune. Y'a quelqu'un? Anglais qui lui colle à la langue, pour ne pas laisser échapper des accents d'ailleurs...

jour un, après-midi.

Un moment depuis que le reflet a été retrouvé, tête apaisée et chaos - à peine - appréhendé. Ébauche de plan vite établie, il vaut mieux se séparer le temps d’attraper quelques idées, couvrir plus de chemin vers les réponses, l’entrevue d’une sortie. Parce qu’ils ne resteront pas, pas cette fois, où qu’ils soient. Personne ne décide pour eux. Les seuls à s’y être jamais risqués l’ont toujours regretté.

Aux gens l’allemand a préféré l’endroit. Des heures après s’être tue l’alarme voudrait encore tinter dans le crâne malmené et il n’est pas d’humeur à entretenir une conversation, subir l’agitation, le boucan des discussions. Alors les pas se dirigent sans hésiter vers l’orée de la forêt, s’enfoncent de quelques mètres d’abord. Pour se faire une idée de ce qui les entoure, de l’étendue boisée qui borde toute une partie du camp. Sac sur l’épaule, mains fichées dans les poches du pantalon de costume, baguette de fortune glissée à l’intérieur de la veste.

Il ne marche pas très longtemps. Ou peut-être que si. Il n’a qu’une vague notion du temps écoulé, distrait par les petits sons de la faune qui se fait discrète. Les feuilles qui bruissent à l’envol d’un oiseau, les branches qui craquent et ses chaussures qui battent la terre. Il est attentif à tout Zerah même si l’on n’y croirait pas avec le masque faussement détendu peint sur ses traits. Celui de l’homme qui sait déjà tout, loin d’être aussi perdu que ses congénères.

Ses yeux frénétiques, cherchent la source du bruit, sans la trouver immédiatement. La forêt n'est pas tant un refuge, si d'autres viennent à leur tour poser leur pied en son sein. La blonde elle, cherche à savoir aussitôt qui l'accompagne dans sa solitude et enfin rencontre la haute silhouette. Lentement sa tête penche, cherchant probablement à assimiler immédiatement le genre de personne qui lui fait face. Lippes qui s'écartent et elle décide de le juger aussitôt. Dangereux. Doucereux. De ceux qu'elle évitait autrefois et qu'elle s'empressera de quitter dès qu'elle le pourra. Pour éviter de le croiser de nouveau. De ceux qui peuvent lui faire du mal. A moins qu'elle ne frappe la première. Ses prunelles agrippent les siennes, puis suivent leur mouvement lorsqu'elles dérivent vers ses mains. Pleines de terre, il ne faut qu'une seconde à la suédoise pour se braquer. Doigts qui se crispent dans la terre salissante, même si elle accroche à son tour un sourire à ses lèvres. Le sien est beaucoup plus doux, beaucoup plus charmeur. Elle tente un jeu. Cherche à montrer une faiblesse évidente.