Ca se passait pas très bien pour Andy. La nuit, encore une fois, avait été terriblement longue. Elle avait un peu dormi, certes, mais il était hors de question qu’elle dorme aux milieu de tous ces gens qu’elle ne connaissait pas. Elle avait fait l’erreur de donner un peu de sa confiance en deux personnes, deux détenus comme elle qui semblaient au final s’apprécier. Elle avait été bête de croire que des liens auraient pu se former entre elle et eux. La seconde rencontre avec le germain s’était mal passée. Vraiment mal, et si il croyait qu’elle était du genre à se laisser faire, il se trompait lourdement sur son compte. Quitte à crever, elle ne baisserait jamais les yeux, Andy. Les Femmes ont bien trop longtemps fermé leur jolies bouches dans ce système patriarcal, elle était la voix de toutes celles qui étaient mortes dans le silence. Bon nombre de personnes de son dortoir l’avait dévisagée le jour 2. Sa lèvre était fendue et gonflée, du sang avait séché, une faible croûte s’était formée qui à chaque fois qu’elle parlait se mettait à saigner.  Elle n’était pas retournée aux cuisines car si le Germain l’avait déçue, il était évident que l’anglais devait vivre dans le même genre de panier. Mais sur sa couchette, elle luttait pour ne pas pleurer. Elle se sentait horriblement seule. C’était trop beau pour être vrai et en silence une larme avait coulé sur son visage. Elle était épuisée, elle goûtait à la solitude pour la première fois et rien ne se déroulait correctement. Andy avait finalement pris son matelas, sa couverture et son oreiller vers les sanitaires. Elle se fit son nid dans une cabine de toilettes. De toute façon, y’en a avait d’autre. Elle plaça son matelas sur la cuvette, elle dormirait assis, mais au moins elle pourrait prétendre avoir dormi. Elle verrouilla la porte, s’installa. C’était limite plus confortable que son lit de fortune. Andy coinca l’oreiller sous sa tête, s'enveloppa dans la couverture et s’endormit immédiatement rassurée d’être dans cette cage à l’odeur discutable, baguette en main. Elle se rassurait en se disant que si quelqu’un lui voulait du mal, elle l'entendait de loin.

Au matin, hors de question pour elle de retourner à la plage. Elle ne voulait pas le revoir, jamais. Ce gars était flippant & beaucoup trop puissant pour qu’elle le nargue. Elle sort silenciement du dortoir en replaçant ses affaires sur son lit comme si de rien n’était. La forêt serait son nouveau refuge. Elle y arrive sans rencontrer personne et c’était très bien ainsi. Glissant sa langue sur ses lèvres, elle constate que l’inférieure n’a pas dégonflé. Ses yeux brûlaient, elle avait trop pleuré. Ils devaient être injectés de sang, putain, elle donnerait tout pour fumer une seule clope, elle en avait terriblement besoin. Elle contemple un instant les arbres aux abords de la forêt avant de s’y engouffrer, capuche rabattue sur sa tête. Elle tient sa baguette fermement dans sa main, elle n’hésiterait pas à s’en servir. Elle avance sur un petit chemin bordé de feuilles mortes, d’herbes et de fleurs jaunes. L’odeur bucolique de la forêt était apaisante et ses épaules s'affaissent un peu. Andy prend une grande inspiration en fermant les yeux. Elle pouvait y arriver. Tout n’était qu’une question d’habitude. Des connard, elle en avait déjà croisé dans sa vie, elle n’allait pas se laisser intimider. Un craquement. Andy fait volte-face et pointe sa baguette devant elle. Lui. Elle déglutit, son regard est dur. Elle n’allait pas baisser ses putains d’yeux. Le sang pulse dans ses tempes, elle serre un peu plus sa baguette, tremble légèrement sous la nervosité. “Auf wiedersehen.” Les mots brisent le calme de la forêt, ça sonne comme une menace. Sa lèvre explose, du carmin éclatant glisse sur ses lèvres. Et dire qu’elle avait demandé à Lagerfield de lui apprendre quelques mots d’allemand pour pouvoir converser un peu avec lui. Il ne méritait que des adieux. Andy n'attendait qu'une chose, qu'il parte. Qu'il disparaisse de de sa vue et qu'il la laisse tranquille. Elle arbore une mâchoire serrée, son coeur bat à tout rompre dans sa poitrine. Elle ne baisserait pas les yeux.

Zerah c’est la copie de son frère, parfaite comme il ne l’a pas encore été depuis qu’on l’a jeté sur l’île. Costume sombre, cravate soigneusement nouée et tignasse proprement coiffée. Supériorité sur les traits, lèvres pincées résolument scellées. Message parfaitement reçu, cinq sur cinq mon capitaine, on arrête de sympathiser on se contente de chercher à s’en aller. C’était la priorité de toute façon, il ne cherchait qu’à l’égayer. Même pas à se faire des alliés, les Eberhart ils crèveraient sûrement avant de réaliser qu’ils pourraient avoir besoin d’aide. Duo parfaitement fonctionnel éprouvé avec les années, que personne ne tente de s’y mêler.

L’allemand arpente la forêt de bon matin décidé à éprouver les limites de l’île pour faire naître l’ébauche d’un plan. Au point mort pour l’instant. Il n’a rien emmené sinon sa bonne volonté, le morceau de bois qui ne lui inspire aucune confiance glissé dans une poche de sa veste – laquelle, déjà ? – et une tranquille concentration qui lui est propre. Il écoute le silence, les bruissements, les craquements, il accorde une seconde d’attention à l’un et passe au suivant.

Il avance les mains fourrées dans les poches de son pantalon, tête fièrement dressée et l’œil aux aguets. Ne tarde pas à voir la gamine derrière laquelle il vient se planter, ébauche de sourire prête à étirer les lippes. Personne dans les alentours, ce ne serait pas un crime de glisser un simple bonjour. Môme se retourne, baguette en main et regard de pierre, lèvre s’ouvre sous un au revoir qu’il ne saisit pas tout à fait. Alors l’homme secoue la tête, si elle veut s’essayer à sa langue qu’elle le fasse correctement ; il lève une main avant de rectifier. « Guten Morgen. » Un geste du menton ensuite désigne mince coin de ciel matinal visible à travers les frondaisons, et le pouce et l’index se rejoignent comme elle le montrait l’avant-veille : comme ça qu’on salue.

Mais la petite elle ne se déride pas et le plus grand ça l’agace déjà, il n’aime pas vraiment les menaces si tôt dans la journée. « Was ist los mit dir ? » Si la langue demeure sévère le ton se veut un brin plus avenant doublé d’un mouvement de tête la désignant. Pas sa lèvre tuméfiée, il se moque bien qu’elle se soit blessée, mais son attitude toute hostile.

Le bouffeur de bretzel est devant elle, il la toise mais d’une manière beaucoup moins agressive que leur dernière rencontre. Il a cette même dégaine qu’il avait dans la cuisine, l’air détaché et pourtant, elle ne baisse pas sa baguette Andy, elle ne se fera pas avoir une seconde fois. Ses sautes d’humeur, il pouvait clairement se les garder. La brune fait l’effort de lui dire de dégager dans sa langue à lui, histoire qu’il comprenne bien qu’elle n’était pas là pour discuter et qu’il ferait mieux de partir si il ne voulait pas se ramasser un sortilège dans la face. Il ne sourcille pas. Evidemment, Monsieur est beaucoup trop fier, l’égo doit sans doute étouffer son col de l’avoir eu entre ses doigts une fois, alors pourquoi pas deux ? Pourquoi aurait-il peur d’elle.
Et voilà qu’il lui apprend comment dire bonjour en secouant la tête. Et il ose refaire ce signe. Elle ne peut s’empêcher de cligner plusieurs fois des yeux incredule, reste soufflée devant tant d’irrespect. Il se foutait de sa gueule ou quoi ? Elle savait comment dire bonjour, elle savait. Elle avait demandé à son voisin de couchette, celui un peu fous aux Doc Martens défoncées. Elle voulait apprendre à converser avec lui mais là, elle avait juste envie de lui faire bouffer son air suffisant et hautain même si ce dernier semblait inexistant par rapport à celui qu’elle avait eu en face d’elle pendant qu’elle faisait sa tour de galets.
Et elle comprends rien à son charabia. Et ça l'énerve encore plus. Elle se baisse, lui balance une pomme de pin sur la tête :
“TU TE FOUS DE MA GUEULE ?!”
Même si il ne comprenait pas un traître mot de ce qu’elle racontait, il était évident qu’elle n’était pas ravie de le voir surgir devant elle.
Il était pas disposé à parler en anglais ? PAR-FAIT. Elle allait se faire comprendre autrement. Andy fait donc leur signe, leur fameux cercle de doigts avant de lever les bras en croix fendant l’air avec des gestes agressifs. Ca, ça n’existe plus.
Plus rien n’existe, même pas ce petit geste à la con. Les gestes s'enchaînent, elle montre sa lèvre puis lui et frappe sa main de son poing.
C’est toi qui m’a cogné pauvre con.
Elle a des larmes de rage au bas des cils. Pourquoi perdait-elle sont temps à lui expliquer ? Elle ne sait pas mais la colère ne diminue pas. Le visage d’Andy vire au rouge pivoine et d’un geste rageur, elle s’essuie la lèvre, grimace en s’arrachant un bout de peau.
Elle lui montre son plus beau majeur, lui relance une pomme de pin et scande “AUF-WIE-DER-SEHEN OKAY ?!”

Gamine se baisse, ramasse un projectile qu’il reçoit dans le visage, les paupières de l’allemand se plissent hargneuses comme il les glisse sur l’objet qui roule déjà au sol. Une. Pomme. De. Pin. Elle braille maintenant et il se passe une main sur la joue, elle agite les bras pour signifier sa colère et lui n’y tient pas, vif éclat de rire rocaille qui s’échappe de la gorge. Ils vivent, attaquent, travaillent à deux depuis si longtemps qu’il n’aurait jamais imaginé qu’on puisse l’ignorer. Les confondre oui, ils jouent de leur ressemblance à l’envie. Mais les prendre pour une seule entité.

Il secoue la tête, se recoiffe d’une main après une nouvelle pomme de pin qui double le rire, finit par lâcher avec ses azurs qui roulent avec exagération. « Das war ich nicht. » Vérité qu’il vaut mieux établir au plus tôt. « Aber du hast es verdient, wenn du ihn verärgert hast. » Il ajoute, ton neutre et l’œil qui s’assombrit d’un rien. Parce que Perets il se trompe rarement, il frappe comme le karma et Zerah il ne s’en mêlera pas. Son frère est assez grand pour défendre seul sa dignité et surtout juger quand l’attaque est nécessaire. Et si elle l’a offensé c’était justifié.

La môme elle ne comprend décidément rien puisqu’elle s’acharne, elle ne décolère pas alors il répète, un peu plus de dureté dans la voix cette fois. « Das war ich nicht. » Dialogue de sourds qui l’agace maintenant alors il soupire, lève les mains en signe de paix, de non agression du moins.

Pomme de pin fonce droit dans la cible. Attaque bien plus pacifiste qu’un coup de baguette. Elle s’excite, agite les bras, joue avec des signes simples pour lui faire comprendre le plus simplement du monde vu qu’il à l’air de jouer les amnésiques. S’il avait s’agit de Leonidas, elle aurait été plus encline à le croire mais là, c’était clairement du foutage de gueule.
Sauf que lui, il se marre. Andy gonfle les joues, serre sa baguette qu’elle avait immédiatement relevé, il va se manger un sort, il va rien comprendre. Sauf que la brune s’abaisse une seconde fois, lui fait bouffer un nouveau projectile semblable au premier. Il rit de plus belle. Elle étire même pas un sourire et lève les yeux au ciel quand il lui parle en allemand. La colère ne baisse pas, elle est toujours aussi fougueuse et ça se voit sur son visage. Clairement, même un aveugle comprendrait.

Il lui semble qu’il redit la même phrase, mais avec plus de dureté cette fois. Elle plisse les yeux, commence à perdre patience - comme si ce n’était déjà pas le cas … - et lève les yeux au ciel avec un soupir rauque long et agacé. Tant pis, elle n’allait pas s’acharner, il lui fait perdre son temps.Il lève la main. Elle reste silencieuse.

Elle l’observe. Le silence s'installe. Réflexion se fait dans sa tête et des rouages se mettent en place. Elle baisse sa baguette, glisse le bras le long de son corps mais ne la range pas pour autant. Ses yeux scrutent. Le scrutent. Elle s’avance lentement vers lui, témérité l’aveuglant. Elle avance vers lui, ne baisse pas les yeux. Jamais. Même en encaissant les coups elle garde le regard droit et fier. Elle préfère crever que de se soumettre à qui que ce soit. Elle s’approche, la forêt est silencieuse même les oiseaux se taisent pour contempler ce qui se trame. Elle arrive à sa hauteur, à quelques centimètre, d’un geste elle montre son visage et lui fait signe de s’abaisser. Les yeux eux, ne mentent pas.

“Come” dit-elle en agitant son index, saphirs contre azurs.

Silence, enfin. Gamine finit par comprendre, du moins cesse-t-elle de vociférer. Il soupire l’allemand, n’avance pas un geste qu’elle ait sa baguette pointée ou qu’elle la laisse retomber, qu’elle s’avance vers lui maintenant et lâche son injonction. Il la toise, de haut, bat des cils un petit peu. Et puis toujours tranquille il lève une main, retire ses lunettes qu’il replie soigneusement, glisse à l’intérieur de sa veste, ajuste un peu le nœud de sa cravate. Ne sait pas trop quelle différence elle espère trouver de plus près, tout est strictement semblable sur la face.

Les mains se croisent dans le dos et le brun se baisse un peu obéissant finalement à la demande de la petite. Sa tête approche tout près, une dizaine de centimètres à peine entre les deux fronts, il la fixe droit dans les mirettes maintenant. « Was ? » Il y a le début d’un rire dans la voix, menace défie dans le rictus qui commence à s’étirer, comme toujours quand on parvient à l’amuser. C’est silencieux autour alors les doigts se mettent à tapoter, rythme toujours régulier sur les boutons de sa manche. Et puis il attend, curiosité touchée d’un rien, elle a les idées bizarrement foutues la môme alors il reste sagement planté là, ne rompt pas l’œillade.

SIlence se fait tout autour d’eux. Il se montre étonnamment docile. Elle retient comme elle peut son sourire en coin quand il fait ses manières d’homme distingué. Ses lunettes sont soigneusement pliées, glissées dans une poche de son impeccable costume. Elle pince les lèvres. Cravate remise, il glisse ses mains dans son dos et se penche vers elle. A sa question qui ne devait pas être difficile à comprendre, elle sourit, rougit légèrement. Joues se pigmentent sous cette proximité si soudaine, elle n’en attendait pas tant mais son ton la fait rire. Légèrement. Elle avait vu ses yeux de près hier matin. Elle les avait étudiés, pénétrés avec son regard, ses stalactites. Ses yeux à lui ne semblent pas si différents, bien que, plus rieurs, plus détendu. Leurs visages sont proches, mais elle ne recule pas. Pas son genre de jouer les intimidées. Surtout avec lui. Eux ? Elle n’voit pas de différence entre les globes enragés et les rieurs. C’est la même teinte, la même couleur, la même pigmentation. Pourtant, les traits ne semblent pas mentir. Et si elle avait rougit hier face à son double maléfique, c’est à cause de la hargne, pas à cause de cette proximité troublante. Aucun doute possible, ils étaient deux mais elle n’arriverait pas à les différencier, du moins, physiquement parlant. Elle hausse un sourcil, ajoute un sourire en coin particulièrement joueur :

“L’insolence vous va bien mais vous ne l’aimez pas chez les autres.”

Conclusion faite, elle hausse les épaules avant de fourrer les mains dans ses poches range sa baguette dans sa poche arrière, détourne le regard, reprend sa nonchalance et son air détaché. “Quoi qu’il en soit… Je retourne à mes affaires.” Elle fait deux pas en arrière avant de lui tourner le dos pour s’enfoncer dans la forêt. Qu’il la suive ou pas, elle s’en fiche. Il n’aurait jamais la confiance qu’elle accorde aveuglément à Leonidas. Des frères partagent le même sang et celui-ci transmets les vices. Et à moins qu’un jour il ne lui prouve qu’il en vaut la peine, elle ne s'attardera pas sur leurs cas & confiance ne sera jamais donnée. Elle marche sur le tapis de feuilles mortes, lève les yeux vers un arbres dont les branches s’éparpillent comme des doigts écartés. Les marches sont éparpillées jusqu’à la cime. De la haut, si elle arrive à atteindre la pointe, elle pourra jouir d’une vue à 360 degrés. Elle saute, s’accroche à une branche et avec agilité, elle s’installe dessus, passant une jambe de chaque côté : “Tu veux venir au 7ème ciel avec moi ?” Elle se marre, se met debout sur le bras de l’arbre avant de se hisser sur la suivante.

Résultats dés:

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