Septième jour, trop le matin pour son rythme de vie habituel, toujours l'envie de s'allumer une cigarette, voire deux, voire trois, omniprésente. Paraît que le manque physique de nicotine disparaît au bout d'une semaine, le manque mental par contre... Une conclusion à tout ça : il faut se casser et le plus vite possible. Avant qu'ils ne commencent tous à perdre la tête. Parce que plus ça va, plus Yume doute qu'elle ne soit entourée que de bisounours. Genre les jumeaux hollandais n'ont pas l'air tout droit sortis d'un camp de hippies. Et heureusement, c'est crade les hippies. Quoique vu qu'il n'y a pas de shampoing sur cette foutue île, ils doivent s'approcher dangereusement de leur hygiène douteuse. Le pire est peut-être l'absence de lessive. Et de plus de trois tenues dans son sac. Ça la désespère un peu. Après, la magie y pallie mais faut dire que la baguette qu'on lui a attribuée n'est pas optimale. Deux jours qu'elle a Schni schna schnappi dans la tête avec en guise de clip les deux jumeaux en petits crocos.

Elle se balade loin du camp, cheveux tirés en chignon maintenu par sa baguette, coupe-vent pour se protéger de la brise, jean. Direction la plage pour s'aérer l'esprit. Dommage que ce soit des galets et pas du sable chaud d'ailleurs. L'hypothèse du cauchemar ne semble jamais vouloir disparaître tout à fait. Elle se pose sur un rocher, contemple la mer et le ciel avant que son attention soit accaparée par une silhouette féminine qui chassait le bout de bois. Oh, pas banal comme spectacle ça. Elle saute de son perchoir, se rapproche de la sorcière, reconnaît l'américaine du quartier sud. Elle ne lui a pas encore parler, par manque d'occasion, alors elle ignore jusqu'à son prénom. Tant pis, elle peut quand même causer. Demi douzaine de pas supplémentaires dans sa direction, sourire.


"Qu'est-ce que vous faites ?" s'enquit-elle, ton un poil condescendent peut-être. Drôle d'idée après tout de tracter des troncs d'arbres sans se servir de la magie. Un coup à s’abîmer les ongles ce qui est assez dramatique vu l'absence de toute lime à ongles sur cette foutue île.

Regard condescendant au possible, sourire froid, ton de la meuf qui s'adresse à un gamin de cinq ans. "Ce ne sont pas des buts au Quidditch, mais des anneaux." On ne plaisante pas avec les choses sérieuses et le quidditch l'est indéniablement, voire c'est l'unique chose sérieuse au monde. Cependant Yume, elle veut éviter de se faire des ennemies pour de simples questions dialectiques alors son sourire se refait plus aimable, geste de la main pour signifier que l'erreur de langage est toute pardonnée dans sa grande bonté. Et l'inconnue se présente, Andy qu'elle dit. Comme la chanson. A moins que ce soit Angie. "Hayashi. Yume Hayashi" répond-elle pour lui rendre la pareille. Elle ne va pas jusqu'à lui serrer la main : encore trop sale pour ne serait-ce que la frôler.

Andy expose son plan génial, la japonaise hoche la tête, dubitative. "Et tu ne pouvais pas te servir de la magie plutôt que de traîner tes bouts de bois ?" Ça fait transpirer et c'est salissant, double mauvaise idée. "Mais ouais, il faut se tirer d'ici. Je ne sais pas ce qu'on y fout mais j'aime pas ça..." Ça devait être l'oeuvre d'un grand malade qui avait trop regardé Lost cette histoire.



Ses mains fouillent ses poches, là où devrait se trouver son paquet de cigarettes mais ses doigts ne rencontrent que du vide. Oh que oui il fallait se barrer. "Attends, je vais t'aider." Et elle retrousse ses manches, pointant un bout de bois flotté qui traîne non loin et qui ferait un joli mât de fortune. Il n'y aurait plus qu'à accrocher une des chemises des jumeaux pour avoir une voile. "Locomotor." Le bout de bois s'élève, elle se met à chantonner la cucaracha avant de secouer la tête. Pourquoi pense-t-elle à cette musique maintenant ? D'un mouvement de baguette, elle le fait léviter vers les deux sorcières. Voilà, elle n'a même pas transpiré d'une seule goutte, c'est ça la classe japonaise.

Difficulté : 75
SORTILEGES UTILITAIRES, 60

Vêtu de son ensemble de jogging, Eli court autour de l'île. Il a besoin de courir, ça lui permet de se vider l'esprit, faire abstraction de tout ce qui l'entoure, de se reconcentrer sur lui. Eli a déjà fait le tour de l'île plusieurs fois, il connait la route et aujourd'hui il choisit de longer la plage. Cette plage qui pourrait être si agréable dans d'autre condition. Elle est composée de galet gris, la majorité des gens déteste les plages de galets et c'est compréhensible. Bien moins confortable que le sable, plus compliqué à marcher dessus et souvent moins aménagé. Pour toutes ces raisons, c'est les plages préférées d'Eli. Il les trouve plus belles, plus sauvages, moins fréquenté.  

Il s'approche de la lisière de la forêt. Elle est dense, Eli n'aime pas ça. Ce n'est pas qu'il a peur, c'est juste que c'est bien plus compliqué de repérer les possibles dangers dans des espaces encombré comme ça. Il voit la brune de la place d'arme trainer deux rondins de bois en sorti de foret. "Mais qu'est-ce qu'elle fait celle-là" dit-il  d'un ton condescendant. La chinoise débarque, elle papote un coup. Un radeau, intéressant. L'idée n'est pas stupide, à voir si son exécution sera productive. Pour peu qu'elles arrivent à faire une embarcation fonctionnelle, elles n'ont aucune idée de la distance entre nous et la terre la plus proche. Sans parler des provisions, comment vont-elles survivre plusieurs jours au milieu de l'eau. Tellement de facteurs qui indiquent que le risque n'en vaut pas la chandelle, mais Eli se dit que ça serait un bon divertissement et qui sait, peut-être que ça fonctionnera.  

Il les regarde un peu, de loin on pourrait dire qu'il se rince l'œil et c'est vrai que c'est un peu ce qu'il fait. En même temps, enfermé sur une île, il faut bien se trouver des occupations. En milieu carcéral, les relations entre détenus ne sont pas rares. Ici le cas est légèrement différent, ils sont juste bloqués sur une île, mais il faut bien satisfaire sa "faim". Reste que ce n'est pas le genre d'Eli, il tourne donc sa réflexion vers quelque chose de plus utile.  

Eli se souvient d'un moment clé de son enfance, il fabriquait des petits navires miniatures avec son père puis les regardais voguer sur le ruisseau près de chez eux. "Ça pourrait fonctionner !" S'exclame-t-il ! Il fabrique rapidement un petit bateau comme il sait les faire avec tout ce qui trouve autour de lui. Des brindilles en guise de sol, un bâton pour le mat, un bout de son t-shirt pour la voile et des tiges d'herbes nouées comme des cordes. Il s'approche fièrement des filles. Si son idée fonctionne comme prévu, le gain de temps sera incommensurable ! "Hey girls ! J'ai cru comprendre que vous essayez de monter un radeau et ça m'a donné une idée" il pose le navire miniature, recule, dégaine sa baguette et lance un sortilège d'amplification de taille.

"AMPLIFICATUM!"

Lancé de dé:

C'est un échec cuisant. Seulement l'une des brindilles constituant le sol change de taille. Et même elle ne grandit que de quelques centimètres pour prendre la taille d'un petit bout de bois pas plus imposant qu'une baguette. Pour rajouter à ça, Eli ignore complètement que son sortilège vient d'échouer lamentablement, la vision du monde qui l'entoure et remplacé par un voile noir, il ne distingue plus que certains reflets de lumière. Toujours plein de fierté pour son idée, d'après lui, si bien exécuté il lance dans la direction supposé des filles un :"TADA ! Ça va vous faire gagner du temps ". Grand sourire, larme à l'œil. L'idée était bonne, l'exécution clairement moins.