Yeux grands ouverts vers le plafond, soupire à fendre l'âme résonne entre les murs. Elle avait naïvement cru que dormir en journée faciliterait sa quête du sommeil qui se faisait compliquée entre le froid mordant et les plaintes des autres détenus à la nuit tombée. A croire que les cauchemars se faisaient collectifs.
Elle supportait aisément les siens -pour l'instant du moins- le problème, c'était les autres. Certains semblaient avoir des nuits particulièrement agitées. Pour l'instant le manque de sommeil ne posaient pas de problèmes, mais elle ne doutait pas que plus le temps passerait plus la chose jouerait sur les nerfs de tout le monde et provoquerait des étincelles. Elle aurait aimé pouvoir les aider, malheureusement l'heure était encore à la prise de repères et la panique, il serait inutile de prêcher aux foules pour le moment. Surtout que sa fratrie semblait aux abonnés absent pour le moment, hors l'ainé était le plus rôdé lorsqu'il s'agissait de rassembler les futurs apôtres.

Elle fini par renoncer à sa quête du sommeil, aucune idée de l'heure qu'il était mais au vu de la position du soleil ils devaient avoir dépassé quatorze heures.
Elle embarque son sac comme d'habitude en sortant de sa cellule, préférant ne pas risquer de se faire dérober le peu de possessions qu'elle a. Sa sortie de la cellule est stoppée dans son élan par demoiselle qui sort au même moment de la sienne et qu'elle percute de plein fouet. Anthea rattrape la brunette de justesse par la taille, lui évite la chute. L'espagnol sort instinctivement des lèvres.

"Cuidado"

Regard plus attentif alors qu'elle retire son bras lui indique que le visage qui lui fait face lui est familier. Voisine de cellule qu'elle partage avec un jeune homme -la dispersion des détenus dans les cellules était un mystère. Minois angélique paré d'un langage très loin d'être châtié. Elle parlait anglais si ses souvenirs étaient bons.

"Sorry, I did'nt see you. Did'nt expect to see anyone nearby at this hour."

La matinée avait été agitée. Presqu’autant que les deux jours précédents. Andy revenait de sa petite sortie bucolique avec en sa possession des informations plus ou moins importantes. Parler avec les gens étaient un bon moyen d’en savoir un peu plus et de connaître les individus avec qui elle partagerait un bout de vie plus ou moins long. Si la mort ne l’attrape pas avant d’avoir obtenu des réponses plus concrètes. La brune avait quitté Zerah le coeur un peu plus léger que la veille où elle avait rencontré son jumeau. Une méfiance tenace était née, et même si Zerah semblait avoir plus d’humanité que son frère, ils avaient été façonnés dans le même moule. C’est l’esprit ailleurs qu’elle entra dans son baraquement. Elle avait senti le besoin soudain de s’allonger, faire le tri dans ses pensées, calmer ses nerfs restés à vif malgré tout. Sa blessure à la lèvre était représentée par une vilaine croûte à présent et elle sentait que ses cheveux s’étaient collés au sang séché à sa tempe. La chute sur les galets avait été douloureuse suite au coup de poing du jumeau maléfique et il était peut-être temps de nettoyer ces vilaines blessures. Peut-être qu’une douche, aussi rudimentaire soit-elle lui permettrait de garder la tête froide et de désinfecter utopiquement ces plaies.

Trop occupée à rêvasser sur d’éventuelles stratégies à adopter dans cette endroit, elle n’avait pas remarqué la présence d’une autre femme qu’elle rencontra de plein fouet, manquant de tomber, petite brindille qu’elle était. Heureusement, la brune face à elle semblait dotée d’un peu plus d’empathie que les personnes qu’elle avait rencontré jusqu’à présent, hormis Leonidas bien entendu. L’espagnol vient toquer à ses oreilles. Andy ne s’excuse pas. Elle se contente juste de regarder la jeune femme qui venait de lui éviter de rencontrer le sol une fois de plus avant de la remercier d’un “merci” souriant. Elle était jolie et sa beauté détonnait fortement avec l’endroit. Elle observa ses traits et son visage lui était familier. Andy l’avait déjà vue, elle en était certaine, pas ici mais dans le monde réel. Andy s’amusa de sa constatation. Il fallait s’attendre à tout ici. Et se méfier de tout le monde mais les femmes avait ce petit quelque chose qu’il manquait aux hommes : la solidarité féminine. Andy continua la discussion en anglais.

“Il faut s’attendre à tout ici. Tu devrais, toi aussi, faire attention.”

Ce n’est pas une menace, mais plutôt un avertissement. Un conseil murmuré entre deux portes. Andy passa à côté d’elle sans lui accorder une autre importance. Elle voulait se doucher. Elle balaya le dortoir. Vide. Il n’y avait qu’elles deux. Ici, la sécurité était un luxe interdit, impossible à toucher du bout des doigts, mais il fallait s’en rapprocher.

“Je peux te demander un service ? J’ai besoin de me laver, tu serais d’accord de m’accompagner et de garder la porte ?” Elle ajouta : "Si tu veux, je peux faire pareil pour toi après."